Associations de démolisseurs, constructeurs, ministères de différents pays… Bien des organismes ont pris la parole lors de la phase de consultation publique en vue de la réforme de la directive VHU. Une idée fédère presque tout le monde : des efforts d’écoconception sont indispensables pour parvenir à mieux recycler les véhicules !
Tout le monde est d’accord pour que la nouvelle directive encadrant la fin de vie des véhicules, qui entrera en application en 2022, représente un large bond en avant par rapport à la précédente. Mais chacun a logiquement sa petite idée sur la question. A commencer par la mutuelle française Maif. Très investie sur la pièce de réemploi, la mutuelle verrait d’un bon œil que les véhicules de plus de 8 ans classés VEI ou VGE soient systématiquement envoyés à la démolition. La Maif souhaite aussi que les démolisseurs ne puissent sous-traiter une partie de leur activité à des professionnels non-agréés VHU. Enfin, il s’agirait pour l’assureur de « faire évoluer les objectifs de recyclage en utilisant des cibles par pièces plutôt qu’en prenant comme base le véhicule dans son entièreté ».
La Fédération nationale des activités de la dépollution et de l’environnement (Fnade) partage pour partie l’idée de la Maif. Elle plaide, dans les commentaires envoyés à la Commission européenne, pour que des objectifs spécifiques de recyclage soient imposés sur le verre, le plastique et le métal. La fédération française réclame aussi des efforts d’écoconception des véhicules et demande aux constructeurs de mettre moins d’additifs dans les polymères de manière à mieux les recycler. La Fnade appelle enfin à ce que les démolisseurs soient tenus de démonter tous les éléments pouvant contenir des matières dangereuses (sièges, pare-chocs…) avant l’envoi de la carcasse au broyeur. Et pose une question centrale : qui paye pour tout cela ?
Réutiliser l’électronique
Pour l’association des démolisseurs italiens (Ada), la révision de la directive est une aubaine. Leur idée est d’en profiter pour imposer une véritable responsabilité élargie au producteur à tous les étages. Ainsi, les démolisseurs transalpins voudraient que les constructeurs surveillent régulièrement leurs réseaux de démolisseurs, analysent leurs performances, etc. Il faudrait aussi, d’après l’Ada, que les constructeurs s’assurent que tous les véhicules qu’ils ont vendu soient collectés correctement une fois déclarés VHU. A l’instar des autres organismes, les professionnels de la démolition en Italie réclament des efforts d’écoconception sur les véhicules et plus particulièrement sur les plastiques, qui devraient bénéficier, selon eux, d’objectifs spécifiques de recyclage. Sur la revente de pièces de réemploi, enfin, les Italiens réclament un cadre plus drastique que l’actuel, avec notamment une obligation de traçabilité de la pièce.
Les démolisseurs danois partagent en partie les idées de leurs homologues italiens. Mais y ajoutent une idée intéressante : il serait temps d’obliger les constructeurs à rendre réutilisables les centrales électroniques présentes dans les véhicules, du moins sur un même modèle.
Sans motos ni camions
La Fema, qui représente les intérêts des motards au niveau européen, n’apprécie pas vraiment les orientations de la future directive européenne. Celle-ci veut en effet inclure camions et motos, dont la fin de vie n’est aujourd’hui pas légalement encadrée. Une erreur d’après la fédération, qui plaide simplement pour qu’une directive spécifique au démantèlement et au recyclage des motos soit écrite. Une position partagée par VDA, la puissante organisation des constructeurs allemands. VDA indique en effet qu’inclure les camions dans la directive VHU des véhicules légers est une aberration, car « il n’y a pas de standardisation » dans le monde du poids-lourd.
VDA indique aussi qu’il serait bon que les véhicules électriques ou hybrides ne soient pas séparés de leur batterie d’un point de vue légal. En substance, VDA veut que les démolisseurs puissent profiter de la manne financière que représente le recyclage de la batterie et de ses composants. Mais en tant qu’association de constructeurs, VDA a en revanche un tout autre point de vue sur les plastiques. Elle rejette l’idée d’une imposition de taux de recyclage ou de réutilisation de ces matières dans les plastiques neufs.
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